Mon dernier moment de réflexion

 

On dit que lors des instants qui précèdent notre mort, notre vie défile devant nos yeux en une fraction de seconde. C’est faux, ce que l’on voit, c’est la vérité, la vérité de notre vie sur terre, de notre mort, de notre vie dans l’au-delà, j’ai passé la moitié de ma vie à chercher cette vérité, j’ai voyagé, j’ai lu des livres, je me suis consacré à la religion, à la méditation, je me suis égaré plus d’une fois, j’ai cru me retrouver à maintes reprises, mais ce n’était que des idées éphémères, j’ai sans doute déjà croisé le vrai mais sans le savoir, j’étais ignorant tout ce temps, ou simplement aveuglé par mon avidité de trouver une réponse qui se devait de m’illuminer, qui me permettrais de m’élever à l’état de surhomme.

 

Maintenant je me retrouve là où tous les différents chemins que j’ai emprunté m’ont menés, à me dire que cette quête n’en vaut pas la peine, que cette vie n’est qu’une succession d’absurdités, l’idée que je pourchasse est en train de me donner la mort, et en regardant cette mort s’approcher de moi, ce que j’ai tant recherché, je le vois, je le sens, je le sais… et maintenant je regrette, si j’avais su, j’aurais pu choisir la vie et non la mort, j’aurais pu m’occuper de mon être au lieu de chercher à le définir, je sais maintenant qui je suis, qui nous sommes, nous sommes tous identiques, nous sommes tous un, nous sommes tous divins, nous naissons âme pure, et le monde dans lequel nous vivons ne l’est pas, depuis la nuit des temps, c’est le mal qui règne sur terre, un mal invisible, méconnaissable, qui nous enveloppe, nous enferme et nous aveugle, nous sommes enchaînés par nos idées, nos idéaux, nos objectifs terrestres, notre satisfaction corporelle, charnelle, nous ne regardons jamais au-delà de ce qui nous a été enseigné par nos ancêtres et par nos pères, tout ne devient que causes matérielles, le divin en nous se retrouve enfouis, sous les profondeurs de l’océan de nos péchés, et scellé par le déni de notre vérité.

 

Nous avons un devoir, le devoir de retourner vers notre créateur, nous avons le pouvoir nécessaire en nous, notre libre arbitre, le choix nous a été donné depuis le début, le droit chemin nous a été montré, le reste n’est que tromperies et illusions.

 

Toutes nos différences sont insignifiantes, la couleur de notre peau, de nos yeux et de nos cheveux, notre langage, notre taille, homme ou femme, nos noms et prénoms ne représentent rien pour la divinité en nous, seuls comptent nos choix, nos actions. Ou nous nous engouffrons dans l’antre du mal, oubliant notre vraie nature, ou nous combattons, résistons aux perversités de l’invisible et à ses tentations. Ce qui nous définit pendant le laps de temps que nous passons dans ce monde, ce n’est pas ce que nous sommes quand on y pénètre, mais ce que nous somme quand nous en partons, la somme de toutes nos actions, de tous nos choix, si nous avons pris soin de notre âme, de la préserver de toutes noirceurs ou si nous avons simplement embrassé l’existence terrestre, et laissé notre essence se perdre. Je regrette la succession de choix qui m’ont conduit à cet instant, à cette question sans réponse qui fut l’étincelle d’une idée qui m’a consumé de jour en jour, au début, savoir ne m’était pas si important, mais la multitude des différentes réponses que je trouvais ne faisait que me pousser à poser plus de questions, pour trouver encore plus de réponses, une spirale sans fin, qui m’avait emporté sans que je ne m’en rende compte, qui m’a isolé du courant normal de la vie.

Chaque livre portant sur la psyché humaine, les religions, la philosophie, l’histoire des hommes, les mathématiques fondamentales, la poésie, les sciences humaines et occultes,  les forces mystiques… chaque livre fait maintenant partie du chemin pavé de ma tombe, toutes ces drogues que j’ai consumé pour atteindre les limites de mes pensées n’ont produit qu’une chaîne de fumée avec laquelle ma raison s’est envolée, tous ces voyages que j’ai fait pour me retrouver n’ont fait que me perdre dans le labyrinthe de mes idées, j’ai petit à petit nié ceux qui m’aimaient pour la naïveté de leur vie, ce trésor que je n’ai su protéger, je suis en train de le détruire avec mon insanité. J’ai vu des hommes pauvres qui se contentaient de vivre au jour le jour, l’important c’est maintenant, me disait ce vieil homme des rues, ce n’est pas demain, et encore moins hier, c’est ce que tu as, et non ce que tu désires, je le croyais fou,

mais qui étais-je pour le juger, qui étais-je ?

 

Je ne me poserais plus la question, je ne me soucierai plus de cette idée, j’embrasse maintenant et à jamais, mon éternité, ma divinité, et j’accepte le prix à payer pour ma folie et mon ambition, je vous demande pardon, priez pour mon âme, je regrette, la balle n’est plus qu’à un millimètre de mon front, adieu.

 

 

 

Ecrit par: Mohamed DJEBARI

 

Illustration de : Mehdi HADIBI

 

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